Arnold Böcklin et sa postérité

Il est passionnant de se pencher sur la postérité que peut avoir notre artiste Arnold Böcklin de nos jours, mais également d’aller regarder vers le passé pour voir quelle pouvait être sa notoriété. Notre artiste, bien que suisse, est considéré comme l’un des principaux symbolistes allemands du XIXème siècle. Il a « fait reculer les limites de l’art et multiplier les possibilités d’expression » (1). Il connait sa période de gloire à partir des années 1880 jusqu’aux années 1890. Il est à cette époque l’artiste le plus influent dans le monde germanophone. Le jour de sa mort, les commémorations se succèdent, le monde artistique rentre dans un douloureux deuil.

En effet, Arnold Böcklin jouit d’un grand succès en Allemagne où il est reconnu comme un des plus grands artistes de son temps, ainsi qu’en Europe. Cependant, la France refuse de s’ouvrir à cet artiste symboliste. La guerre Franco-Prussienne (1870-1871) a fait naître au sein du territoire français , un anti-germanisme fort. Toutefois, il faut comprendre cette germanophobie dans son ensemble et pas seulement comme une conséquence de la Guerre de 1870.

Dans un contexte peu favorable à la réception de la production artistique de Böcklin, il y a des poètes français qui vont manifester leur goût envers l’artiste. Ils apprécient ses oeuvres chargées de symboles qui font échos à leurs poèmes. Toutefois, les critiques élogieuses et négatives s’entrechoquent. Les commentaires sur Böcklin fusent et sont bien plus nombreux qu’en Angleterre ou en Italie. Bien que mis de côté, quelque peu délaissé par le grand public, notre artiste n’est pas ignoré. Les revues littéraires françaises les plus novatrices s’intéressent à la littérature, à la philosophie, en somme à la culture des pays germanophones.

Par conséquent, Böcklin est étudié et discuté. Un grand poète français, Jules Laforgue ne tarit pas d’éloges à son encontre et fait découvrir à ses amis symbolistes l’art de cette grande figure du symbolisme allemand. Arnold Böcklin comme Gustave Moreau va connaitre de vives critiques à son égard, en ce qui concerne sa production artistique. Les poètes et écrivains par leurs critiques dithyrambiques vont faire naitre des déceptions auprès des spectateurs qui vont trouver les oeuvres trop idéalisées.

Arnold Böcklin est admiré par les expressionnistes allemands comme Lovis Corinth par exemple, pour ne citer que lui. Celui-ci utilise des motifs mythologiques grecques et chrétiens en les parodiant. Ce gout de la parodie nous le devons à Arnold Böcklin (2). Les peintres surréalistes dans les années 1910-1920 vont découvrir notre artiste. De Chirico, Max Ernst vont s’inspirer de sa production artistique pour créer des oeuvres singulières lui faisant échos. De Chirico par exemple va s’inspirer du tableau Mélancolie, 1871  et va et va créer ainsi l’oeuvre Malinconia della partenza, 1916.

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Max Ernst va lui aussi s’inspirer d’une oeuvre de Böcklin s’intitulant Saint Antoine prêchant un poisson échoué sur la plage, 1892 pour créer Le poisson et le vapeur 1920-1929. Ces artistes ne sont pas les seuls à hériter de l’influence de notre artiste.

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Bien que des liens et des influences se tissent à travers Böcklin et plusieurs artistes, il est effarant de constater qu’il soit encore très peu connu en France dans les années 2000 alors qu’il possède une renommée internationale. De plus, quelques uns de ses travaux ont été montrés en 1976 au Jeu de Paume à Paris. Il faut attendre la grande rétrospective au Musée d’Orsay sur l’artiste en 2001(exposition provenant de Bâle) à l’occasion du centième anniversaire de sa mort pour que la méfiance envers cet artiste adulé par Hilter pendant la Seconde Guerre Mondiale s’envole de France. En effet, on considérait à l’époque cet artiste du côté français, comme un germaniste,  comme « un artiste admiré que par les hommes de sa race » (3).

Depuis les années 70-80, les expositions se sont multipliées partout en Europe mais également outre Atlantique aux Etats-Unis avec une exposition en 2000 au Museum of Fine Arts à Houston.

 

(1)  http://www.artlinefilms.com/catalogue/arnold-bocklin

(2)  http://www.musee-orsay.fr/fr/evenements/expositions/au-musee-dorsay/presentation-detaillee/article/lovis-corinth-7834.html?S=&tx_ttnews%5BbackPid%5D=649&cHash=e0e585ab0f&print=1&no_cache=1&

(3) http://www.nytimes.com/2002/01/12/style/12iht-bocklin_ed3_.html

Vic.H