Introduction

La définition de l’art symboliste est complexe en elle-même et le courant difficilement identifiable. Il s’agit d’un courant hétéroclite tant dans sa temporalité, ses protagonistes s’en revendiquent durant tout le XIXe siècle, que dans sa forme. En effet, beaucoup d’artistes ont été adjoints à ce mouvement, même de manière involontaire, quand ils se plaçaient en opposition ou du moins en marge de la déferlante impressionniste qui régnait à cette époque sur l’Europe. Selon l’historien de l’art Jean-Paul Bouillon, ce qui les réunit, c’est « l’idée », « la défense de l’idée, face aux réalistes, aux positivistes, aux matérialistes de tout ordre, passe avant les querelles d’école » (1), et surtout avant les contrastes stylistiques observables entre Gauguin et Moreau, entre Carrière et Klimt ou encore entre Joséphin Péladan et Böcklin. Cependant, Bouillon, après maintes tentatives de définition parvient à une délimitation temporelle comprise entre 1885 et 1895, sans omettre le fait que les principaux acteurs qui jouent un rôle décisif et actif durant cette brève période « ne manquent certes pas d’antécédents ni de successeurs plus ou moins glorieux ». Pourtant, le choix de trois figures fondamentales de ce courant est apparu comme limpide autour des personnes de Gustave Klimt, Arnold Böcklin et Gustave Moreau. Chacun éveille dans l’inconscient un symbole essentiel du symbolisme, tous trois représentent et sont considérés comme l’émanation même de ce mouvement au sein de leur pays respectifs et de leur culture. En effet, leurs parcours ne sont en rien comparables :

  • Gustav Klimt, est né à Baumgarten en 1862 et meurt en 1918 à Vienne. Ce peintre symboliste autrichien, est l’un des membres les plus éminents de ce que l’on nomme la Sécession viennoise. Avant de créer et de participer au développement de ce groupe artistique qui vise à un art idéal base sur le mélange des genres, Klimt fut décorateur. Il s’illustre notamment dans la décoration du grand escalier de Kunsthistorisches Museum. Mais sa rupture avec le style académique se fait assez tôt et il devient l’un des artistes figuratifs le plus créatif. C’est ainsi que ces œuvres se tournent vers l’allégorie, la fusion des arts, l’omniprésence de l’or et la femme fatale. La profusion des détails et la richesse des coloris sont ces principales caractéristiques.

 

  • Arnold Böcklin est né le 16 Octobre 1827 à Bâle et meurt le 16 Janvier 1901. Il est considéré comme l’un des principaux représentants du symbolisme allemand. Il reçut l’apprentissage de la peinture à Bâle puis partit à Düsseldorf où il étudia à l’Académie de 1845 à 1847. Böcklin fit beaucoup de voyages notamment en Belgique, à Paris ou encore en Italie. La découverte de la renaissance italienne sera pour lui déterminante pour sa formation artistique. Son apprentissage éclectique fit d’Arnold Böcklin un artiste majeur de la fin du XIXème siècle. Il fut redécouvert dans les années 1910-1920 par les peintres surréalistes.

 

  • Gustave Moreau est né en 1826 à Paris, réalisa son premier voyage en Italie à l’âge de quinze ans et fut admis à l’Ecole des Beaux-Arts à 20 ans. Il quitta cette institution trois ans plus tard, après avoir échoué une seconde fois au prix de Rome. Pourtant il fut exposé pour la première fois au Salon officiel l’année de ces 26 ans. Il fut ainsi rapidement considéré et reconnu pour son art, présenta régulièrement au Salon, participa à l’Exposition universelle, fut nommé chevalier et officier de la Légion d’Honneur pour être finalement élu à l’Académie des Beaux-Arts en tant que professeur où il forma de futurs artistes comme Henri Matisse, Henri Charles Manguin ou Edgar Maxence jusqu’à sa mort en 1898.

Mais malgré une temporalité, des espaces, des cultures et des expériences différents, il convient de constater une osmose entre chacun, des similitudes et des affinités dans leur façon d’aborder les sujets et de les traiter. Pierre-Louis Bouillon confirme que « bien que s’appuyant sur des techniques très différentes, les uns et les autres représentent, dans la seconde moitié du xixe siècle, le courant idéaliste face à la montée triomphante du réalisme et de l’impressionnisme » (2).

De la même manière, le choix de trois œuvres spécifiques est apparu comme évident, chacune des œuvres étant considérées comme les plus représentatives de l’art de ces trois peintres, emblématiques de leur style propre, mais aussi caractéristiques de cette identité symboliste qui était revendiquée dans la plupart des pays européens au XIXe siècle.

  1. Jean-Paul BOUILLON, « SYMBOLISME – – Arts », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 13 février 2016.

URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/symbolisme-arts/

  1. Pierre-Louis MATHIEU, « MOREAU GUSTAVE – – (1826-1898) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 13 février 2016.

URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/gustave-moreau/